Fiction or not fiction

Publié par Hamelin de Guettelet le samedi 19 octobre 2013

J'avais envisagé il y a déjà quelque temps la création d'un nouveau site dérivé de Wikipédia qui récupérerait tout ce qui est rejeté de Wikipédia, au prétexte que ce n'est pas purement encyclopédique, pour créer un fork - une copie dérivée - du doux nom de Nulpédia, une sorte de Wikipédia pour les nuls (cf. mon message du 1 décembre 2012). Aujourd'hui on voit poindre ici, sur le Bistro, ou là, dans la presse en mal de copie, de temps à autre, des interrogations sur l'avenir de Wikipédia : que se passerait-il si la WMF - Wikimedia Foundation - disparaissait ? La WMF pourrait-elle être vendue ? Si elle était vendue, quel serait son prix ? Et si elle n'était pas vendue, pourrait-il y avoir de la publicité comme il en existe déjà sur les forks d'Orange et de Voilà ? En cas de désaccords, vente ou publicité, des contributeurs passionnés pourraient-ils recréer une encyclopédie concurrente respectueuse des principes fondateurs mais surtout de la philosophie philanthropique qui sous-tend l'encyclopédie depuis sa création ?

Essayons de rentrer dans la fiction.

Dans l'absolu, WMF pourrait effectivement disparaître et cela pour de multiples raisons dont la plus probable serait un manque de financement ; il faut aujourd'hui plusieurs dizaines de millions de dollars par an pour entretenir et faire fonctionner les serveurs et rémunérer le minimum de personnel nécessaire pour assurer la maintenance, et je ne parle pas de la bureaucratie de la Foundation et des Chapters - association locale - qui vivent sur le dos de la bête. Il est assez évident qu'un manque de financement serait dû à une désaffection des donateurs donc des lecteurs, ce qui parallèlement ferait baisser les frais de fonctionnement, moins de lecteurs, donc moins de donateurs, donc moins de besoin en bande passante, donc moins besoin de serveurs, donc moins de lecteurs, etc. Un épouvantable cercle vicieux. Il restera toujours assez de fidèles contributeurs convaincus pour encore et toujours écrire des articles mais le pourront-ils sans bande passante ? Et de toutes façons cela ne sera jamais suffisant. La WMF fermera alors ses projets les moins emblématiques pour se replier sur les grosses encyclopédies Wikipédia et en dernier ressort sur la Wikipédia anglophone. Impossible direz-vous, pas si certain que cela, tout est mortelle en ce bas monde, après les encyclopédies papier pourquoi pas les encyclopédies informatiques ? Google aura alors trouvé le moyen de récupérer toute l'information d'Internet et d'en faire une synthèse automatisée qui satisfera les curieux. Knol aura sa vengeance posthume.

La WMF ou Wikipédia pourrait-elle être vendu ? Là il faut nuancer. La WMF est une organisation de bienfaisance qui ne pourrait se lier, s'associer, éventuellement voir ses dettes reprises que par une autre organisation de bienfaisance poursuivant un but identique ou suffisamment similaire. Donc cette éventualité n'aurait pas de conséquence pour les projets sauf à ce que la nouvelle entité ne soit plus intéressée par les projets de l'ancienne et l'on se retrouverait dans le cas précédent.
Et Wikipédia ? Là, les choses sont plus simples et plus compliquées à la fois. Du fait de la mise sous licence Creative Commons paternité partage à l’identique, le contenu des projets n'appartient à personne ou plutôt à tout le monde, de ce fait les projets de la WMF n'ont aucune valeur, ce qui ne veux pas dire qu'ils ne sont pas vendable. Jimmy Wales, enfin la WMF, a pris la précaution de rester propriétaire des noms de marque, des noms de domaine et des logos, reprenant d'ailleurs au passage au moins un logo pourtant dans le domaine public, et tout cela a de la valeur, même beaucoup de valeur, plusieurs dizaines de milliards de dollars. Mais qui et surtout pourquoi acheter si cher quelque chose que chacun peut dupliquer ? Il suffit pour cela de regarder l'accord plus ou moins secret d'Orange et de Voilà avec WMF (cf. mes messages des 2 avril 2012 et 25 mai 2013). Contre rétribution et aide technique, Orange et Voilà détournent à leurs profits des lecteurs de Wikipédia pour ... leur proposer de la publicité et aujourd'hui pouvoir proposer de la publicité sur des pages internet à fort trafic vaut de l'or. Si WMF s'est engagée à ne jamais faire de publicité sur les pages des projets, elle ne s'est jamais engagée à ne pas vendre les noms de marque, les noms de domaine et les logos qui valent donc de l'or pour qui voudrait faire de la publicité sur le cinquième ou sixième site mondial en terme de fréquentation.

Les contributeurs amoureux de leurs projets et respectueux des principes fondateurs philanthropiques pourraient toujours récupérer un dump - copie du contenu - en toute légalité et recréer un fork de Wikipédia. Oui mais, c'est là que les choses se gâtent, pas sous le nom de Wikipédia, pas avec les noms de domaine, ce qui serait un handicap difficilement surmontable et avec d'autres logos, ce qui ne devrait pas être très important, vu l'exemple de Wikivoyage (cf. mes messages des 20 et 31 août 2013). Il faut bien savoir que cela existe déjà, les forks de Wikipédia, les sites dit miroir, existent à de multiples exemplaires dans de nombreuses langues mais avec un succès insignifiant et sans aucune influence sur les projets originaux. Donc recréer Wikipédia ailleurs sous un autre nom est voué à l'échec. En serait-il autrement que le budget nécessaire au fonctionnement serait impossible à trouver. L'histoire, là-encore, de Wikivoyage est là pour le prouver, il a fallu l'appui de la WMF pour que puisse vivre et se développer le fork de Wikitravel (cf. mon message du 25 février 2013). Quand on pense aux sommes importantes de capitaux investies par les concurrents déclarés de Wikipédia, et cela sans aucun succès, je pense ici en particulier à Knol pourtant émanation de Google, un géant de l'Internet, il ne faut se faire aucune illusion sur la relance par des contributeurs passionnés d'un fork vivable et concurrentiel d'une Wikipédia fourvoyée dans la publicité.

S'il y a peu de chance que Wikipédia devienne non-gratuite, la publicité rapporte plus sur un site gratuit, malheureusement YanikB ne pourra pas être rassuré, on peu facilement envisager un avenir noir pour Wikipédia.

Ainsi va Wikipédia.

2 commentaires:

  1. Recourir au terme « fork », pour désigner http://encyclo.voila.fr/ et http://wikipedia.orange.fr/, semble hasardeux, puisque le terme « fork », tel qu'on l'utilise habituellement sur Wikipédia, désigne plutôt des projets (de toute nature) qui, après leur séparation, suivent une évolution propre.

    Le premier exemple qui me vient à l'esprit est celui des suites bureautiques Apache OpenOffice et LibreOffice (toutes deux issues de l'edx-suite OpenOffice.org), qui ont encore, à l'heure actuelle, énormément de ressemblances, mais qui se distinguent déjà, bientôt trois ans après leur séparation, par la fréquence des nouvelles versions, LibreOffice (soutenu par The Document Foundation) publiant des correctifs et améliorations à un rythme très soutenu que ne semblent pas suivre les développeurs d'Apache Software Foundation.

    Rien de tel avec les reprises du contenu de fr.wikipedia.org auxquelles procèdent ou ont procédé Voila puis Orange. Les seules possibles évolutions de leurs contenus sont liées à de possibles remplacement d'une version existante du contenu par une nouvelle version (dump) téléchargée depuis les serveurs de Wikimedia Foundation, sans la moindre amélioration de contenu au sein de ces sites.

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    1. Bonjour Hégésippe,

      Je reconnais la précision de ta pensée, il eu effectivement mieux valu que j'utilise le terme de site-miroir. La différence entre Orange/Voilà et les autres sites-miroir réside simplement dans l'officialisation de la chose. Orange/Voilà engrangent des revenus publicitaires contre paiement (supposé puisque tout cela reste très obscure) de redevances à la WMF.

      Cordialement

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