Sylvie Delorme présentant l'Encyclopédie après son acquisition par l'Université - © Université Laval |
Le 15 décembre 1920, sur le coup des 3 heures du matin, un incendie commence ses ravages au collège Saint-Anne de la Pocatière dans la région du Bas-Saint-Laurent. Rapidement le feu prend de l'importance, les habitants se joignent aux internes et au corps professoral du collège pour sauver du feu tout ce qui peut l'être. Reconstruit, il abrite dans sa bibliothèque un trésor. En 2007, le collège fait le constat qu'il ne peut pas conserver son trésor dans de bonnes conditions et en cherche un acquéreur. C'est comme cela qu'en mai 2011, Sylvie Delorme, alors directrice de la bibliothèque de l'Université Laval à Québec, se porte acquéreur pour 65 000 $ des 35 volumes in-folio (28 de texte et 7 de planches illustratives) de la première édition de 1751/1780 de l'Encyclopédie, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et D’Alembert, seulement présente en trois exemplaires au Canada, avec celle de l'université Laval, il y a celle de la bibliothèque du parlement de Québec et celle du ministère de la Culture. Superbe acquisition qui fait aujourd'hui la fierté de l'université qui décide de suite de faire une grande exposition sur le Siècle des Lumières. En fait, il faut attendre le 21 mars 2013 pour que le projet aboutisse.
Denis Brière, recteur de l'Université, Thierry Belleguic, doyen de la Faculté des lettres et spécialiste de Diderot, et Loubna Ghaouti, directrice de la Bibliothèque, présentent donc une magnifique exposition, jusqu'au 25 octobre, dans les deux bibliothèques de l'Université, sur l'Encyclopédie en faisant vivre celle-ci par nombre d’artéfacts illustrant des articles et des planches mettant en lien l'évolution des métiers du livre et les recherches scientifiques de l'époque. Plusieurs prêts en provenance du Musée Bon-Pasteur et du Musée des Ursulines de Québec enrichissent également ce voyage au cœur du XVIIIe siècle.
Pourquoi je vous parle de cela ? Si vous n'êtes pas Québécois, vous n'allez pas vous déplacer jusqu'au Canada pour voir cette exposition, aussi intéressante soit-elle. Je vous en parle car Thierry Belleguic, aussi commissaire de l’exposition, fait une part belle à Wikipédia en parlant de l'Encyclopédie dans sa présentation de l'exposition Diderot. « Ce Monument des progrès de l’esprit humain » comme le disait Voltaire, est la plus grosse entreprise éditoriale du temps. Elle ne relève pas d’un seul auteur, mais d’une collaboration entre philosophes, historiens, médecins, astronomes, illustrateurs, etc. Cette œuvre regroupe le travail de plus de 150 collaborateurs comme d’Holbach, Marmontel, Rousseau, Turgot et Voltaire. Certains ont agi comme des « reporters » auprès des gens de métiers (agriculteur, cordonnier, etc.) pour recueillir leur savoir. Sortir des connaissances théoriques, admettre le pratico-pratique, c’est nouveau, comme la manière de transmettre l’information. En plus du classement alphabétique, l’Encyclopédie propose un système de renvois d’un sujet à l’autre. Ses images ne font pas qu’illustrer le discours, elles renseignent de façon autonome, d’où l’idée novatrice que le savoir peut être aussi transmis par l’image. Les valeurs qui ont animé les contributeurs de l’Encyclopédie définissent toujours notre façon d’aborder le savoir. L’idée également que les connaissances n’appartiennent pas à une élite, mais peuvent être transmises par une communauté ; l’intérêt accordé au savoir des artisans, à la parole citoyenne, à l’opinion publique. Diderot serait emballé aujourd'hui avec le libre accès, la diffusion participative, les plateformes collaboratives comme Wikipédia, on est en plein dans ce qui lui tenait à cœur. Ajoutez les hyperliens, forme avancée du système de renvois conçu par Diderot selon son intuition que le savoir procède par tissage. Tout cela se situe dans l’esprit de l’Encyclopédie, l’ancêtre de Wikipédia, tel est le titre du dossier de presse qu'a concocté le service communication de l'Université. Un bel hommage pour le tricentenaire de la naissance de Diderot mais aussi et surtout pour Wikipédia ; Thierry Belleguic nous avait déjà gratifié d'un bel article Diderot aurait adoré Wikipédia en 2011 dans Le Soleil, un quotidien québécois.
Ainsi va bien Wikipédia.
PS : j'en profite pour signaler aux amateurs :
Denis Brière, recteur de l'Université, Thierry Belleguic, doyen de la Faculté des lettres et spécialiste de Diderot, et Loubna Ghaouti, directrice de la Bibliothèque, présentent donc une magnifique exposition, jusqu'au 25 octobre, dans les deux bibliothèques de l'Université, sur l'Encyclopédie en faisant vivre celle-ci par nombre d’artéfacts illustrant des articles et des planches mettant en lien l'évolution des métiers du livre et les recherches scientifiques de l'époque. Plusieurs prêts en provenance du Musée Bon-Pasteur et du Musée des Ursulines de Québec enrichissent également ce voyage au cœur du XVIIIe siècle.
Présentation de l'Exposition Diderot - © Université Laval |
Ainsi va bien Wikipédia.
PS : j'en profite pour signaler aux amateurs :
- une exposition De Diderot à Wikipedia, du 18 mars au 5 avril, à la bibliothèque des Grands Moulins de l'université Paris VII-Denis Diderot, esplanade Pierre Vidal-Naquet, Paris 13e. Cette exposition propose de traverser quelques grands moments de l’encyclopédie, depuis le siècle des Lumières jusqu’à l’encyclopédie collaborative en ligne Wikipédia où elle est présente à travers le site Wikistream ;
- un colloque international « Chantiers des Lumières : L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert à l’âge de la numérisation » les jeudi 28 et vendredi 29 mars 2013 de 9h30 à 17h30 à l'amphi Buffon, Paris VII-Denis Diderot, Lettres et sciences humaines, sciences et humanités numériques, 15, rue Hélène Brion, Paris 13e.