Une 11e raison de ne pas participer à Wiki Loves Monuments

Publié par Hamelin de Guettelet le dimanche 1 septembre 2013

Je lit toujours avec plaisir les messages du blog de Poulpy que je trouve beaucoup trop rares (avec un S donc non pas Poulpy mais ses messages). Le dernier message qu'il publie le 31 août est la liste des dix bonnes raisons de ne pas participer au concours Wiki Loves Monuments. Si je suis dans l'ensemble d'accord avec ses arguments, je voudrais en rajouter un onzième :
© Rama
11) - en téléchargeant toutes ces photos sur Wikimedia Commons, on retire le pain et le vin de la bouche des photographes professionnels qui, eux, prennent des photos pour gagner leur vie et donner du pain (sans vin) à leurs enfants. Nous, pendant ce temps, en photographes du dimanche, nous mitraillons, bien ou mal, tout ce que nous pouvons mitrailler. Nous les téléchargeons ensuite sur Commons avec une licence Creative Commons CC BY-SA 3.0 qui autorise toutes les utilisations commerciales (cf. mon message du 10 octobre 2011).
Si Commons et ses photographes amateurs se félicitent du concours et des téléchargements, les photographes professionnels, regroupés au sein de l'Union des Photographes Professionnels, déclarent : « Des opérateurs privés ou publics peuvent utiliser gracieusement ces photographies sous forme de cartes postales, posters, livres ou encore à des fins d’illustrations d’articles de presse. Les photographes professionnels qui vivent de la perception de leurs droits d’auteurs s’inquiètent de cette démarche, qui constitue une concurrence déloyale à leur égard [...] Aussi, l’UPP compte avertir les pouvoirs publics de ce genre de pratiques de plus en plus répandues et demande à Wikimedia de modifier les termes de sa licence. » (communiqué de presse).

Il y a certainement une réflexion à avoir sur ce sujet qu'un gros contributeur de Wikipédia et Commons, JÄNNICK Jérémy a d'ailleurs déjà lancé (cf. mon message du 2 mai 2013). Je ne suis pas certain qu'une licence Creative Commons qui permet l’utilisation commerciale des œuvres soit nécessairement une bonne chose. Je n'ai toujours pas compris l’intérêt d'une licence Creative Commons CC BY-SA 3.0 alors qu'une licence Creative Commons CC BY-NC-SA 3.0 apporte les mêmes avantages pour l'ensemble des projets de la Wikimedia Foundation.

Et ce n'est pas cette bande dessinée que son auteur à baptisée BD propagande qui pourra me convaincre avec des arguments aussi pauvres.

Ainsi va mal Wikipédia quand va mal Wikimedia Commons.

12 commentaires:

  1. Pas d’accord avec cet argument, sinon pourquoi ne pas interdire aussi le logiciel libre tant qu’on y est ? Ça fait de la concurrence déloyale aux professionnels du software…

    Si les photographes professionnels n’arrivent pas à se démarquer des amateurs dans leur travail, c’est qu’ils ne méritent peut être pas d’être des professionnels finalement.

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    1. Bonjour schlum,

      Après la défense Pikachu voilà l'argument Pikachu.

      Il n'est pas question d'interdire de télécharger des photos sur Commons, uniquement de le faire avec une licence qui ne retire rien aux projets de la Foundation et qui préserve un secteur économique. Ce n'est pas parce qu'on peut le faire qu'on doit le faire. J'aimerais un argument, un vrai, un bon, qui tienne la route et pas ce genre de comparaison sans raison.

      Créer une encyclopédie libre, une photothèque libre, n'implique pas de squeezer les photographes professionnels comme cela n'implique pas non plus de squeezer les auteurs des photos déposées sur Commons d'une possibilité de toucher des droits d'auteur.

      Je rappelle juste que la liberté de panorama - le fameux amendement Wikipédia - a été rejetée à l'Assemblée nationale pour protéger la possibilité par les auteurs de tirer profit de leurs droits non tombés dans le domaine public.

      Cordialement.

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    2. Je doute que tu trouves un argument pragmatique à la licence qui régit les projets de la Wikimédia Foundation, tout simplement parce que c’est une question de philosophie. Si je fais le parallèle avec le monde du logiciel libre, ce n’est pas pour rien, c’est parce que la philosophie est la même, celle du partage « sans limite ». Ceux qui ne se retrouvent pas complètement dans cette philosophie risquent en effet de se retrouver un moment ou un autre mal à l’aise en constatant que leur travail a été utilisé par quelqu’un d’autre qui en tire une rémunération.

      On peut noter cependant que ça favorise la créativité, tout du moins dans le monde du logiciel que je connais bien mieux, la base de données libre SQLite par exemple étant utilisée dans nombre de produits payants, mais très utiles et appréciés :)

      Cordialement,

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    3. Et bien ! Je suis d'accord avec toi, ton deuxième commentaire est plus convaincant. Wikipédia d'abord, les autres projets de la Foundation ensuite, tous se placent dans l'utopie, dans l’irrationnel, loin du pragmatisme ou du rationnel. Vu dans ce contexte, la philosophie du partage « sans limite » est compréhensible. Donc, si je n'accepte pas ce partage « sans limite » c'est que je ne dois pas ou plus adhérer à cette philosophie.

      Une question alors se pose, qui et combien de contributeurs comprennent et adhèrent à cette philosophie du partage « sans limite » en pleine connaissance de cause ?

      Tu me plonges dans un abîme de réflexion. Si je trouve des réponses, mes réponses, cela sera le sujet d'un prochain message.

      Cordialement.

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  2. Hamelin,

    D'un côté, les fondateurs de la WMF et du projet Wp ne voudront jamais se fermer la moindre porte pouvant leur rapporter un revenu potentiel. C'est "grisant" de laisser planer l'idée qu'un jour WMF, proprio du bazard, pourrait être mise en bourse et valorisée avec les milliards de $ tombant sous la coupe des "trustees" de la fondation et de son conseil d'administration. Des milliards d'heures de petites mains offrant 0.01 us$ de l'heure aux 200 employés.

    De l'autre, de vieux contributeurs "enfin parvenus" bénéficient déjà de cette licence... Si les photos téléchargées ne sont plus à usage commercial possible, comment faire pour en un clic transformer un article en un opuscule vendu sur amazone et arrivant en tête des recherches google ?

    Enfin, les contributeurs lambda, bénévoles et geeks, prennent ce potentiel de nuisance contre les professionnels comme une "bonne chose" : c'est leur revenge contre la société. Ce qui est paradoxal c'est qu'ils agissent contre leur propre bien futur mais ils ne s'en rendent pas compte (et c'est discutable également). C'est leur propre travail qui un jour pourrait être fait gratuitement par d'autres. (Comme les ouvriers chinois aujourd'hui tuent le travail des ouvriers européens ; peut-être des machines de la WMF feront le leur un jour ?).

    Les projets de la WMF, Wp et Commons en tête, ont ceci de particulier qu'ils allient les lois de l'ultra-libéralisme (car ce sont les principes de Wp) au développement d'un projet culturel qui se veut gratuit. C'est positif de voir la culture protégée et défendue avec les lois de l'ultra-libéralisme. D'un autre côté, on peut considérer aussi comme une nouvelle forme d'esclavage que d'avoir ces milliers de petites gens, soi-disant volontaires mais en réalité souffrant d'assuétude, développer une encyclopédie pour les autres.

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  3. Moi non plus je n'adhère pas à l'idée de prendre des initiatives pour préserver artificiellement les photographes professionnels. Comme tant d'autres travailleurs qui ont été menacés avant eux par l'évolution de la société, qu'ils s'adaptent.

    La comparaison avec le logiciel libre me semble parfaitement valable. On peut en faire une autre avec Wikipédia : avec la fermeture de plusieurs encyclopédies papier, tout plein d'encyclopédistes professionnels ont perdu leur travail par notre faute. Faut-il s'empêcher pour autant de le faire ?

    Un autre exemple est celui de l'industrie musicale. À la fin des années 1990, elle aurait pu être plus prompte à s'adapter à la vente du format .mp3 plutôt que de vouloir bloquer ce dernier. Est-ce que je me force à utiliser un cheval plutôt qu'une voiture afin de préserver le métier de maréchal-ferrant ?

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    1. Bonjour Simon,

      Chacun adhère à l'idéologie économique qu'il préfère ou qu'il souhaite. Certains pensent que l'économie doive être administrée jusqu'à la faillite, d'autres qu'elle doive être libérée jusqu'à la sauvagerie ou pour satisfaire les économies impérialistes qu'elle soit mondialisée jusqu'à l'exploitation des économies des pays en développement. Certains enfin adhèrent à l'économie de marché jusqu'à l'appropriation capitaliste quand d'autres préfèrent l'économie équitable et solidaire jusqu'au développement durable.

      Je vois juste une erreur d'appréciation dans les exemples donnés, ce n'est pas Wikipédia qui a tué les encyclopédies papier, c'est le développement d'Internet qui a fait le succès de Wikipédia et non le contraire. C'est le développement des nouvelles technologies qui a rendu obsolète certains supports musicaux et non le .mp3 qui a tué la musique toujours bien vivante. Pour le logiciel libre, il reste encore à faire la preuve de son efficacité économique (pour le moment les parts de marché ne lui sont pas favorables).

      Actuellement si le développement des APN permet aux amateurs avertis de faire d'aussi bonnes photos que les photographes professionnels, rien, sinon une philosophie du partage « sans limite » que je concède à schlum, rien donc ne justifie, pour le développement des projets de la Foundation, de créer une concurrence sauvage et déloyale à des photographes professionnels.

      Je ne citerai pas mon cas personnel ... en fait si, je le cite, nombre des mes photos sont utilisées sur plus d'une centaine de sites internet, cela ne m'apporte rien mais ne me retire rien non plus, et cela me laisse plutôt indifférent, par contre que l'éditeur d'un livre en langue maltaise reprenne l'ensemble de mes plans des temples maltais pour les incorporer à un ouvrage de librairie, sans me citer, là je suis moins indifférent. J'ai fait ces plans pour illustrer un AdQ, primé à un wikiconcours, et non pour qu'un éditeur se fasse du fric sur mon dos avec mon travail.

      Je le répète la licence Creative Commons CC BY-NC-SA 3.0 apporte les mêmes avantages aux projets de la Foundation que la licence Creative Commons CC BY-SA 3.0.

      Cordialement.

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    2. Juste une remarque :

      Si l'éditeur en langue maltaise incorpore tes plans à son bouquin sans te citer, il ne respecte pas la license, NC ou pas. Tu est donc en droit de l'attaquer en justice et lui faire cracher les billets (en plus ils utilisent l'euro à Malte).

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    3. Bonjours Dr Brains,

      J'avais pris conseil d'un ami avocat maltais à l'époque, la réponse était claire : avec une licence commerciale CC BY-SA, je pouvais au mieux obtenir un erratum et une citation dans une éventuelle réédition. Avec une licence non commerciale CC BY-NC-SA, je gagnais d'office un dédommagement financier suivant l'importance du travail fourni, du prix de vente et du nombre de vente/tirage du bouquin avec un droit à contrat en cas de réédition (euro ou pas euro). Encore fallait-il que je puisse faire la preuve d'une identité commune entre mon pseudo et mon nom via mon IP, il aurait fallu mettre les checkusers et mon FAI à l’œuvre.

      Pas facile tout cela mais la différence n'est pas négligeable entre BY-SA et BY-NC-SA, non ?

      Cordialement.

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    4. Perso, je suis en physique et je me suis habitué avec le temps à ne pas pouvoir discuter de cela avec beaucoup de gens. Plus je réussirai à partager ma passion de la connaissance avec d'autres personnes, moins je serai seul et mieux je pourrai étancher cette soif sans fin d'en savoir plus.

      Si éliminer la clause « NC » de la licence de mon travail fait en sorte que je peux toucher encore plus de personnes en faisant en sorte qu'il se retrouve sans difficulté dans des œuvres à but lucratif, so be it.

      Wikipédia doit être le plus « viral » possible. Le BY ne sert qu'à se faire croire qu'il y a des chances que notre brève vie de copiste soit recensée quelque part dans la future Memory Alpha dont le Web X.0 accouchera...

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  4. Personnellement, quand j'ai pris conscience de tout ce que ça me coûtait de faire ces photographies, à savoir les billets de train, l'achat d'un deuxième et d'un troisième VTT, le temps passé sur le terrain et sur informatique, et donc la vie sociale inexistante, j'ai compris que je pouvais être généreux avec les projets de la fondation Wikimedia, mais que j'étais déjà très généreux, et que je n'avais pas vraiment besoin de l'être avec mon prochain.

    D'où le fait que j'avais pendant pas mal de temps utilisé la licence GFDL 1.2 & Cc-by-nc-nd 3.0, et que j'utilise depuis la licence GFDL 1.2 seule. Par expérience, dans 90 % des cas, le nom de l'auteur n'est pas cité alors qu'il apparaît trois fois en-dessous du fichier, et dans le reste des cas, il manque à tous les coups la licence et le lien vers celle-ci, et la source (Wikimedia Commons). Dans l'absolu, c'est également le cas pour les Cc-by 3.0 et Cc-by-sa 3.0. La licence JÄHNICK 1.0, je la conserve pour tous les contrefacteurs, c'est-à-dire 95 % des réutilisateurs, car ceux-ci on perdu tout droit à utiliser mon travail sous les autres licences libres.

    Au final, le problème n'est pas tant les utilisations commerciales, parce que cette probabilité est plus rare, mais la gratuité, puisqu'elle gêne sérieusement le défraiement. Comme je le dis toujours, si j'avais gagné quelques euros à chaque fois que j'avais trouvé une de mes photos utilisées illégalement ailleurs, j'aurais déjà eu l'occasion d'investir dans du meilleur matériel.

    Et donc, j'ai suivi votre conseil, je me suis créé un compte Flickr il y a un mois, où je dépose mes photos en tous droits réservés, et il compte à cet instant déjà 1890 fichiers.

    Petite remarque concernant les fanatiques du libre, il suffit généralement d'analyser leurs contributions pour voir qu'ils parlent beaucoup, mais qu'ils contribuent peu, et apportent peu de fichiers.

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  5. Citation : "Je n'ai toujours pas compris l’intérêt d'une licence Creative Commons CC BY-SA 3.0 alors qu'une licence Creative Commons CC BY-NC-SA 3.0 apporte les mêmes avantages pour l'ensemble des projets de la Wikimedia Foundation."

    Moi, je vois l'intérêt : fournir des revenus à la Wikimedia Foundation et augmenter la diffusion des contenus. Je vais prendre deux exemples :

    - La fondation est partenaire avec Pediapress, qui vend aux lecteurs des ouvrages personnalisés contenant des articles de Wikipédia. La Wikimedia Foundation touche 10% des ventes brutes.

    - Directmedia a publié en 2005 un DVD contenant 250000 articles de Wikipedia en allemand. Là encore, la Wikimedia Foundation touchait environ 10 %. En outre, étant donné le succès du DVD, Directmedia à offert 10 000 images en haute résolution appartenant au domaine public sur Wikimedia Commons, ce qui apporte clairement quelque chose aux projets Wikimedia.

    Outre le fait que ces ventes rapportent des fonds à la Wikimedia Foundation - qui est faut-il le rappeler une association sans but lucratif et sans laquelle Wikipedia ne pourrait exister - elles présentent aussi l'intérêt de permettre aux personnes dépourvues de connexion Internet ou ayant une connexion trop lente d'accéder aux contenus de Wikipedia. Voudriez-vous réserver votre travail aux seules personnes ayant accès à Internet ?

    Bien évidemment, tout cela n'aurait pas été possible avec la clause NC. Il aurait en effet fallu que PediaPress et Directmedia obtiennent l'autorisation de tous les auteurs des articles qu'ils distribuent, ce qui serait évidemment impossible dans le cas d'une encyclopédie écrite par des milliers d'anonymes.

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